Maîtrise véritable – c’est parmi les autres qu’on l’acquiert

Il était une fois deux frères : le premier était cordonnier dans une petite ville, et le deuxième vivait solitaire dans la montagne où il s’était retiré pour prier, méditer et échapper aux séductions de la vie et… des femmes. Il était devenu si pur, paraît-il, qu’il pouvait tenir continuellement une boule de neige dans sa main sans qu’elle fonde. Des années passèrent ainsi… Un jour, le cordonnier rendit visite à son frère dans la montagne ; il s’émerveilla du silence, de la limpidité de l’air, puis il lui proposa de descendre à la ville passer quelques jours chez lui. L’ermite accepta. Un jour où il était assis dans la boutique de son frère qui était occupé à recevoir ses nombreux clients, il aperçut une jolie femme qui relevait quelque peu le bas de sa robe pour essayer une chaussure. Le cordonnier, qui l’aidait à l’ajuster, touchait le pied de la dame en toute tranquillité. Mais l’ermite qui regardait, sentit que sa boule de neige commençait à fondre !… Il comprit alors que la véritable pureté n’est pas celle que l’on acquiert dans les déserts ou la solitude des montagnes, mais dans la vie.
Oui, c’est dans la vie, parmi les autres, qu’on acquiert la véritable force et la véritable maîtrise. Personne ne s’est jamais développé pleinement en allant se réfugier dans le silence et la tranquillité des montagnes.*

Omraam Mikhaël Aïvanhov

* Voir aussi Le grain de sénevé, Œuvres complètes, t. 4, chap. VII.